Covid-19, reconnaître, surveiller, traiter
par le Docteur Didier Potier, conseiller médical de la MSM
Durant l’hiver 2019-2020, un coronavirus dénommé Sars-CoV-2 a été identifié en Chine chez des patients atteints de pneumonie. Ce virus est la cause d’une maladie dénommée covid-19 , une infection aiguë potentiellement grave. Début 2021, il est difficile de déterminer le nombre de personnes ayant eu une infection par le Sars-CoV-2 dans le monde. Ce nombre est estimé à plus de cent millions et plus de deux millions de personnes en sont mortes. Les connaissances sur le covid-19 et son traitement évoluent rapidement. Les données rapportées ici sont le reflet de l’état des connaissances début 2021. Pour cette même raison, peu de données chiffrées sont fournies.
RECONNAITRE LA COVID-19
Souvent un syndrome grippal
Les infections par le Sars-CoV-2 semblent être asymptomatiques chez au moins 20 % à 40 % des personnes infectées. Quand des symptômes sont présents, la période d’incubation - entre la contamination par le virus Sars-CoV-2 et les premières manifestations cliniques - est souvent de l'ordre de 5 jours et en général inférieure à 14 jours.
Chez les adultes qui ont des symptômes, la covid-19 se manifeste le plus souvent par un syndrome grippal avec :
- fièvre
- toux sèche, c’est-à-dire sans expectorations associées
- douleurs musculaires (myalgies)
- fatigue
- difficulté respiratoire (dyspnée)
D’autres symptômes sont parfois présents, notamment :
- maux de tête, maux de gorge, rhume
- diarrhée, nausées ou vomissements, douleurs abdominales
- diminution, voire perte de l’odorat (anosmie)
- diminution, voire perte du goût (agueusie)
- conjonctivite, éruption cutanée, douleurs thoraciques…
Pris isolément, la plupart de ces signes semblent peu spécifiques de la covid-19. Seuls deux signes semblent très caractéristiques : la perte subite de l’odorat ou celle du goût, sans obstruction nasale associée.
Personnes âgées : des signes plus atypiques
Chez les personnes âgées, une covid-19 est à évoquer en cas de signes respiratoires et aussi en cas de:
- diarrhées, nausées, vomissements, précédant parfois l’apparition de signes respiratoires
- altération brutale de l’état général
- survenue de chutes
- confusion inhabituelle
Enfants : souvent peu ou pas de symptômes
Les enfants semblent avoir plus souvent que les adultes des formes peu symptomatiques de covid-19.
La plupart des symptômes rapportés chez des enfants atteints de covid-19 sont semblables à ceux des adultes. La fièvre et la toux semblent plus fréquentes chez les enfants. Mais les manifestations cliniques se limitent parfois à des troubles digestifs (diarrhées, nausées ou vomissements, douleurs abdominales) ou des maux de tête.
La plupart des symptômes rapportés chez des enfants atteints de covid-19 sont semblables à ceux des adultes. La fièvre et la toux semblent plus fréquentes chez les enfants. Mais les manifestations cliniques se limitent parfois à des troubles digestifs (diarrhées, nausées ou vomissements, douleurs abdominales) ou des maux de tête.
Repérer les patients à risque accru de forme grave
Certaines caractéristiques augmentent le risque de forme grave de covid-19 :
- un âge supérieur à 65 ans, et plus particulièrement à 70 ans, notamment chez les hommes
- une affection cardiovasculaire ou cérébrovasculaire
- les complications d’un diabète
- une obésité
- une affection pulmonaire chronique
- un cancer
- une immunodépression
- une insuffisance rénale chronique
Test PCR sur prélèvement nasopharyngé : l’examen de référence
La confirmation d'une infection par le Sars-CoV-2 repose sur des tests biologiques visant à mettre en évidence la présence de ce virus. L’examen de référence est un test PCR ou, plus exactement, RT-PCR (de I‘anglais : reverse transcriptase polymerase chain reaction) réalisé en laboratoire de biologie médicale à partir d’un prélèvement nasopharyngé.
Dans des conditions optimales, le résultat d'un test PCR peut être obtenu en quelques heures. Il est exprimé surtout de façon qualitative : présence ou absence du virus.
Le virus Sars-CoV-2 est en général détectable par un test PCR quelques jours après l’exposition avec infection par le virus, avant l'apparition d’éventuels symptômes, puis pendant une dizaine de jours. En cas de premier test PCR négatif et de persistance de symptômes évocateurs de covid-19, le test PCR est à répéter dans les 7 jours qui suivent la survenue de ces symptômes.
Dans des conditions optimales, le résultat d'un test PCR peut être obtenu en quelques heures. Il est exprimé surtout de façon qualitative : présence ou absence du virus.
Le virus Sars-CoV-2 est en général détectable par un test PCR quelques jours après l’exposition avec infection par le virus, avant l'apparition d’éventuels symptômes, puis pendant une dizaine de jours. En cas de premier test PCR négatif et de persistance de symptômes évocateurs de covid-19, le test PCR est à répéter dans les 7 jours qui suivent la survenue de ces symptômes.
Tests antigéniques : l’alternative, surtout dans les 4 premiers jours de l’infection
Un test antigénique (TAG), réalisé à partir d'un prélèvement nasopharyngé, est une option pour confirmer une infection par le Sars- CoV-2. Il est réalisable en dehors des laboratoires notamment en pharmacie. Le résultat est obtenu en général en une quinzaine de minutes. Il est binaire : présence ou absence du virus.
Chez les patients qui ont des symptômes évocateurs de covid-19, les TAG semblent aussi fiables que les tests PCR quand le résultat est positif. En revanche, le risque de faux négatifs (test négatif alors que la maladie est présente) est plus élevé et augmente après les 4 premiers jours de symptômes.
Quand la connaissance de l’infection revêt un enjeu particulier, par exemple chez des personnes qui ont des symptômes évocateurs de covid-19 et des facteurs de risque de survenue de forme grave, il est préférable d’effectuer d’emblée un test PCR ou - si un test antigénique a été effectué et que son résultat est négatif - de réaliser rapidement un test PCR pour confirmer ou infirmes ce résultat.
Chez les patients qui ont des symptômes évocateurs de covid-19, les TAG semblent aussi fiables que les tests PCR quand le résultat est positif. En revanche, le risque de faux négatifs (test négatif alors que la maladie est présente) est plus élevé et augmente après les 4 premiers jours de symptômes.
Quand la connaissance de l’infection revêt un enjeu particulier, par exemple chez des personnes qui ont des symptômes évocateurs de covid-19 et des facteurs de risque de survenue de forme grave, il est préférable d’effectuer d’emblée un test PCR ou - si un test antigénique a été effectué et que son résultat est négatif - de réaliser rapidement un test PCR pour confirmer ou infirmes ce résultat.
Ne pas confondre avec une infection virale saisonnière
Les signes fréquemment associés à la covid-19 sont semblables à ceux rapportés Iors d’une infection virale saisonnière telle qu’une grippe, une bronchite aiguë ou une pneumonie. En cas de diarrhées, nausées ou vomissements, douleurs abdominales - en particulier chez les personnes âgées et chez les enfants - la covid-19 est à distinguer d’une gastroentérite virale. Pour casser les chaines de contamination, il est important de tester toute suspicion d’infection par le virus de la covid-19.
SURVEILLER
Évolution souvent favorable mais parfois aggravation
La plupart des patients atteints d’une forme légère ou modérée de covid-19 se rétablissent dans les 2 semaines qui suivent l’apparition des premiers symptômes. Chez certains, des symptômes persistent au-delà, notamment la toux, la fatigue ou une difficulté respiratoire. Des épisodes de fièvre persistante ont aussi été rapportés.
L’évolution de la maladie peut être défavorable, avec apparition d’une grande difficulté à respirer, souvent dans les 5 jours après les premiers symptômes. Le délai entre le début des symptômes et une hospitalisation est de 7 jours en moyenne ; il est inférieur à 10 jours chez trois quarts des patients.
Les signes d’alerte devant faire envisager une hospitalisation sont listés ci-dessous.
L’évolution de la maladie peut être défavorable, avec apparition d’une grande difficulté à respirer, souvent dans les 5 jours après les premiers symptômes. Le délai entre le début des symptômes et une hospitalisation est de 7 jours en moyenne ; il est inférieur à 10 jours chez trois quarts des patients.
Les signes d’alerte devant faire envisager une hospitalisation sont listés ci-dessous.
Outre les complications respiratoires, diverses complications (cardiaques, neurologiques, hépatiques, rénales…) peuvent survenir.
Signes d’alerte
Chez les adultes atteints de covid-J9, certains signes justifient une hospitalisation :
- température corporelle supérieure à 40 °C
- fréquence respiratoire supérieure à 24 par minute
- saturation en oxygène (Spo2) inférieure à 92 % en air ambiant
- pression artérielle systolique inférieure à 100 mm de mercure
- troubles de la vigilance
- extrémités froides ou peau marbrée
D’autres signes incitent à proposer une hospitalisation :
- difficultés sévères d’alimentation
- affection psychiatrique
- troubles cognitifs
- perte d’autonomie
- précarité sociale
TRAITER
Comme pour toute maladie, il existe 2 types de prise en charge de la covid-19 : préventif (éviter que la maladie n’arrive) et curatif (traiter la maladie).
Traitements préventifs
Les traitements préventifs de la covid-19 ont un double objectif de protection individuelles et collective et se déploient en trois axes :
- éviter la transmission par les gestes barrières
- casser les chaines de contamination par le triptyque « Tester-Alerter-Protéger »
- protéger à plus long terme par la vaccination
Transmission surtout par les sécrétions des voies respiratoires
Cette transmission peut être freinée par le respect des gestes barrières et de la distanciation sociale. Pour rappel : consulter l'affiche de Santé Publique France ci-dessus.
Chaine de contamination complexe
Avant qu’un individu ne ressente les premiers symptômes de covid-19, il a été probablement en contact avec d’autres personnes qui ont pu être contaminé. L’objectif est donc de :
- Repérer le plus tôt possible toute personne possiblement atteinte par le virus de la covid-19. En période d’épidémie, tout symptôme pouvant évoquer une covid-19 doit faire consulter un médecin
- Tester toute personne suspecte
- Isoler celle-ci en attentant le résultat du test
- Repérer les cas-contacts afin qu’ils soient eux aussi pris en charge
C’est le « Tester-Alerter-Protéger » qui s’appuie aussi sur des outils numériques tel l’appli « TousAnticovid ».
Vaccination anti-covid, des innovations technologiques
La vaccination vise un double objectif : protéger l’individu vacciné contre le virus et rompre la chaine de contamination. Nous ne savons pas encore si, dans le cas du virus de la covid-19, ce dernier but soit atteint. L’émergence du virus a déclenché la mise au point de nouvelles formes de vaccins, en particulier les vaccins à ARN messager qui semblent prometteurs. Voir aussi cet article sur les vaccins.
Traitements curatifs
Fin 2020, les soins à domicile des patients atteints d'une forme légère à modérée de covid-19 reposent principalement sur des traitements symptomatiques : soulager la fièvre et les douleurs, calmer une toux gênante ou des maux de gorge, éviter une déshydratation en cas de diarrhée et de vomissements. Ne seront abordés ici que la surveillance (repérage des symptômes justifiant une hospitalisation) et la prise en charge non-médicamenteuse. En effet la prise en charge médicamenteuse évolue régulièrement (il est ainsi possible de mettre en place une oxygénothérapie à domicile lorsque le contexte l’autorise) et le sujet déborde le cadre de cet article.
Surveillance pendant une dizaine de jours
Il est prudent que les personnes atteintes d’une forme initialement sans gravité de covid-19 soient surveillées pendant au moins 10 jours, en particulier ceux qui ont des facteurs de risque de survenue d’une forme grave. Cette surveillance va rechercher les signes d’alerte (voir plus haut) et notamment ceux concernant l’état respiratoire. Ce dernier peut être estimé par l’observation (essoufflement au repos, à la parole, bleuissement (cyanose) des extrémités et des lèvres) et mesuré objectivement par la fréquence respiratoire et surtout la saturation du sang en oxygène (SpO2). Cette saturation se mesure avec un oxymètre de pouls, petit appareil fiable et peu onéreux.
Une Sp02 inférieure à 95 % motive une surveillance accentuée. Une Sp02 inférieure à 92 % caractérise une forme grave de covid-19 qui justifie une hospitalisation.
Une Sp02 inférieure à 95 % motive une surveillance accentuée. Une Sp02 inférieure à 92 % caractérise une forme grave de covid-19 qui justifie une hospitalisation.
Traitements non médicamenteux
Boire
La fièvre mais aussi la diarrhée, les vomissement déshydratent. Il est nécessaire d’augmenter les apports hydriques par petites quantités, souvent et régulièrement (par exemple de l’eau pure, des bouillons, du jus de pomme dilué, des soupes, des yaourts). Les boissons favorisent aussi l’élimination des secrétions bronchiques et l’irritation de la gorge.
Humidifier
Un air trop sec favorise l’irritation et l’obstruction des voies respiratoires. Humidifier la chambre (ouvrir les fenêtres, humidificateur), faire des lavages de nez au sérum physiologique calment les irritations du nez et de la gorge et aident à mieux respirer. Naturellement il est souhaitable d’éviter la fumée du tabac.
Bouger
L’alitement constant augmente le risque de complications thromboemboliques (formation de caillot dans les vaisseaux sanguins) et doit être évité. Se lever, marcher au cours de la journée est une méthode préventive éprouvée de ces complications.
La fièvre mais aussi la diarrhée, les vomissement déshydratent. Il est nécessaire d’augmenter les apports hydriques par petites quantités, souvent et régulièrement (par exemple de l’eau pure, des bouillons, du jus de pomme dilué, des soupes, des yaourts). Les boissons favorisent aussi l’élimination des secrétions bronchiques et l’irritation de la gorge.
Humidifier
Un air trop sec favorise l’irritation et l’obstruction des voies respiratoires. Humidifier la chambre (ouvrir les fenêtres, humidificateur), faire des lavages de nez au sérum physiologique calment les irritations du nez et de la gorge et aident à mieux respirer. Naturellement il est souhaitable d’éviter la fumée du tabac.
Bouger
L’alitement constant augmente le risque de complications thromboemboliques (formation de caillot dans les vaisseaux sanguins) et doit être évité. Se lever, marcher au cours de la journée est une méthode préventive éprouvée de ces complications.
CONCLUSION
Quand elle est symptomatique, une infection par le Sars-CoV2 se manifeste souvent par une infection respiratoire avec fièvre, toux sèche, fatigue, douleurs musculaires et parfois des difficultés à respirer. Deux signes plus rares permettent de reconnaître une covid-19 avec une quasi-certitude en période d’épidémie : la perte subite de l’odorat (anosmie) ou du goût (agueusie). Chez les personnes âgées et les enfants, des signes autres que respiratoires - notamment des troubles digestifs - sont aussi à prendre en compte. Cependant, Ia plupart de ces signes évocateurs de covid-19 sont peu spécifiques, ce qui justifie de proposer systématiquement un test diagnostique (PCR) ou de dépistage (TAG) quand on évoque une covid-19.
Que ce soit pour les patients qui ont des facteurs de risque de survenue de formes graves, mais aussi chez les patients atteints d’une forme légère ou modérée de covid-19 et restant à domicile, une aggravation, surtout respiratoire peut survenir brutalement dans les 10-12 jours suivant l’apparition des premiers signes. Il convient donc de rester vigilant pendant cette période avec mesure régulière de la saturation en oxygène par un professionnel de santé.
La prise en charge de la covid-19 comporte actuellement 2 volets. D’une part, un volet préventif avec les gestes barrières, le repérage et l’isolement des cas suspects ou confirmés, et la vaccination. Et, d’autre part, un volet curatif avec la prise en charge médicale des formes symptomatiques (le plus souvent à domicile et si nécessaire à l’hôpital).
A un an du début de la pandémie, si de réels progrès ont été faits dans la connaissance et la prise en charge de la covid-19, il reste probablement un long chemin avant que celle-ci ne soit complétement contrôlée.
Que ce soit pour les patients qui ont des facteurs de risque de survenue de formes graves, mais aussi chez les patients atteints d’une forme légère ou modérée de covid-19 et restant à domicile, une aggravation, surtout respiratoire peut survenir brutalement dans les 10-12 jours suivant l’apparition des premiers signes. Il convient donc de rester vigilant pendant cette période avec mesure régulière de la saturation en oxygène par un professionnel de santé.
La prise en charge de la covid-19 comporte actuellement 2 volets. D’une part, un volet préventif avec les gestes barrières, le repérage et l’isolement des cas suspects ou confirmés, et la vaccination. Et, d’autre part, un volet curatif avec la prise en charge médicale des formes symptomatiques (le plus souvent à domicile et si nécessaire à l’hôpital).
A un an du début de la pandémie, si de réels progrès ont été faits dans la connaissance et la prise en charge de la covid-19, il reste probablement un long chemin avant que celle-ci ne soit complétement contrôlée.
Sources
- Prescrire Rédaction « Reconnaître une maladie covid-19 et évaluer sa gravité » Rev Prescrire 2020 ; 40(446) : 912
- Société de pathologie infectieuse de langue française « Actualités mises à jour » : https://www.infectiologie.com/fr/actualites/covid-19-actualites-mises-a-jour_-n.html
- HAS « Prise en charge de premier recours des patients suspectés de Covid-19 » : https://www.has-sante.fr/jcms/p_3190801/fr/prise-en-charge-de-premier-recours-des-patients-suspectes-de-covid-19