Histoire des épidémies et Covid-19
par le Docteur Didier Potier, conseiller médical de la MSM
Les épidémies font partie de l’histoire de l’humanité, on en trouve la première trace écrite au Vème siècle avant JC (guerre du Péloponnèse). L’objectif de cet article est d’inscrire la pandémie actuelle à Covid-19 dans cette longue histoire.
Elle se découpe schématiquement en 3 phases.
Phase 1
La plus ancienne et la plus longue peut se définir par son caractère inéluctable et répétitif. Les épidémies tuent par millions et même par dizaines de millions (la peste noire au 14éme siècle : 25 millions de morts en Europe et la grippe espagnole (1918-1919) : 50 millions dans le monde). Il n’existe aucun moyen de lutter contre et les mêmes infections reviennent siècle après siècle : peste, variole, choléra et grippe pour ne citer que les principales.
Phase 2
Au XIXème siècle, une nouvelle période s’ouvre avec Pasteur et sa découverte des micro-organismes responsables des maladies infectieuses (bactéries, virus…). S’ensuivront les traitements préventifs (vaccins) puis curatifs (antibiotiques), mais aussi la mise en place de politiques de santé publique. Dans les années 1970, on veut penser que si toutes les maladies infectieuses ne sont pas encore vaincues (le paludisme et la tuberculose font encore des ravages), les grandes épidémies sont dernières nous.
Phase 3
Puis, dans le dernier quart du XXème siècle apparaissent les infections « émergentes » comme le SIDA (HIV), la fièvre à virus Ebola, les infections à Coronavirus (SRAS-CoV-1, MERS-CoV et Covid-19). Elles sont responsables d’épidémies et même de pandémies comme actuellement. Dans leur ampleur, elles sont liées à deux phénomènes :
- Les modifications incessantes du matériel génétique des virus entrainant des changements de virulence et le franchissement des barrières d’espèces. En effet, un virus a besoin d’un hôte (animal ou homme) pour se développer et il existe des barrières d’espèces : tel virus ne peut vivre qu’au dépend de telle espèce. Ainsi, les chauves-souris sont porteuses de nombreux virus qui ne sont pas dangereux pour elles. Mais si un de ces virus passe chez l’homme, il peut se révéler extrêmement virulent pour ce dernier.
- Un fait nouveau : une population humaine de plus en plus nombreuse et très mobile. Celle-ci se trouve ainsi en contact avec les animaux porteurs de ces virus modifiés, s’infecte et propage rapidement l’infection dans un large périmètre.
Ces maladies mettent la science médicale face un défi. Le temps de mise au point d’un traitement ou d’un vaccin se compte souvent en années. Par exemple, près de 40 ans après la découverte du HIV, il n’existe toujours pas de vaccin.
Réponses de la médecine
Si la médecine n’a pas toutes les réponses, elle sait prendre en charge les passages critiques (réanimations), les complications (surinfections), elle a découvert des traitements contrôlant la multiplication des virus (comme pour le HIV).
Les organisations nationales et supranationales sont capables de mettre en place rapidement dès l’apparition d’une épidémie les mesures de prévention et de prise en charge de celle-ci.
Enfin la population mondiale bénéficie globalement d’une meilleure situation sanitaire (même si elle est loin d’être parfaite), facteur de résistance accrue à ces épidémies.
La pandémie actuelle à Covid-19 s’inscrit donc dans le cadre des épidémies émergentes. Nous pouvons espérer que, grâce aux progrès de la médecine et des politiques sanitaires efficaces, celles-ci ne seront plus la cause des dizaines de millions de mort que l’histoire a connues.