DCI, princeps et génériques : un même médicament sous des noms différents

par le Docteur Didier Potier, conseiller médical de la MSM

D’une ordonnance à l’autre, un médicament peut être nommé par sa Dénomination Commune Internationale (DCI), le nom de marque de son princeps ou par ceux de ses génériques… pas si simple de s’y retrouver.

Définitions

  • DCI

La DCI, Dénomination Commune Internationale, est le nom international qui désigne la substance active contenue dans un médicament : c’est le véritable nom du médicament. La DCI est établie par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

La DCI du principe actif contenu dans le « DOLIPRANE » est « Paracétamol ». La DCI du principe actif contenu dans l’ « ADVIL » est « Ibuprofène ».

La DCI est codée. Par exemple, la terminaison « azepam » indique des tranquillisants de la famille des benzodiazépines. La DCI du « Lexomil » (nom commercial) est « Lorazepam ».

  • Princeps

Le princeps est le premier médicament contenant une nouvelle substance pour un problème de santé.

En France, tous les médicaments préparés industriellement et dispensés en pharmacie doivent être titulaires d’une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) accordée par une autorité de santé française ou européenne. La firme pharmaceutique qui détient l’AMM d’un princeps est la seule autorisée à commercialiser le médicament pendant plusieurs années. Le nom de marque (ou nom commercial) est choisi par la firme pour attirer l’attention et vendre plus. Il ne donne, le plus souvent, aucune indication sur la nature réelle du médicament et peut varier d’un pays à l’autre.

  • Génériques

Le médicament générique est celui que d’autres firmes sont autorisées à fabriquer et commercialiser à leur tour, quand la durée de protection de ce médicament se termine. Celui-ci va être commercialisée sous un nouveau nom de marque qui, souvent, inclut la DCI suivi du nom du fabricant : par exemple « Ibuprofène Pharmatruc » ou « Paracétamol Biomachin ».

Princeps ou génériques ?

Princeps et génériques sont très semblables (principe actif, contrôle de conformité et sécurité) mais pas tout à fait.

La première différence porte sur l’apparence (forme, couleur) et le goût. Ces changements dans l’apparence des médicaments sont parfois sources d’erreurs et de confusion. C’est notamment le cas lorsque ces changement se répètent ou chez certaines personnes qui retiennent plus facilement la couleur et la forme d’une boite ou d’un comprimé que le nom inscrit dessus.

Les excipients peuvent aussi varier entre le princeps et les génériques. L’excipient est une substance neutre à laquelle on incorpore le principe actif d'un médicament pour faciliter la prise de celui-ci. Si, lors des tests obligatoires, le médicament princeps et le générique ont statistiquement les mêmes effets (effet thérapeutique et effets secondaires), d’une personne à l’autre il est certain que la tolérance ne sera pas identique.

Ce problème est encore plus aigu avec les médicaments à marge thérapeutique étroite (c’est-à-dire qui nécessitent une dose très précise, tels les anticoagulants). Pour ceux-ci, il est préférable de garder le même médicament (générique ou princeps) tout au long du traitement.

La dernière différence n’est plus médicale mais économique : le générique coute moins cher que le princeps.

Nom commercial ou DCI ?

De fréquentes confusions entre les noms commerciaux de médicament sont rapportées, certaines ayant entrainé des complications médicales sévères. Ce type d’erreur est beaucoup plus faible avec les prescriptions en DCI.

Il peut exister plus de 5 noms de marque pour un même principe actif. Si le médecin ou le pharmacien se doivent de connaitre le plus grand nombre de substances actives, il leur est impossible de mémoriser tous les noms commerciaux. La DCI (et son système de code) permet au médecin et au pharmacien d’exercer au mieux leur compétence et leur vigilance.

La DCI étant internationale, elle est compréhensible par tous les professionnels de santé dans le monde entier et permet de communiquer sans erreur.

Conclusion

Si médicaments princeps et génériques ont en France des qualités similaires, il existe cependant des différences - entre autres - d’apparence et de tolérance individuelle. De ce fait, il est recommandé pour un traitement chronique de garder la même présentation, que ce soit le princeps ou un générique.

Pour limiter les risques de confusion, faciliter le dialogue avec un professionnel de santé et prendre sa santé en main, il est aussi utile de retenir la DCI du médicament pris, de savoir à quoi il sert, quels sont ses principaux effets indésirables et ses précautions d’utilisation.

Source 

Fiches Infos-Patients Prescrire : www.prescrire.org (accès abonné).

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