La santé des prêtres diocésains
Il y a un an environ, des prêtres impliqués dans le suivi et l’assistance médicale du clergé au sein de la Mutuelle Saint-Martin et de la Cavimac ont pensé utile de dresser un état des lieux pour connaître les actions à mener. L’Union Saint-Martin a présenté le projet au Conseil permanent de la Conférence des évêques de France qui a validé la démarche. Les résultats de cette enquête inédite menée de février à juin 2020 permettent de dresser un état des lieux de la santé des prêtres âgés de moins de 75 ans.
Fort taux de participation à l'enquête
Activité, mode de vie, soutien social, santé physique et mentale… Tous ces thèmes étaient au menu de l’enquête confiée au cabinet Icone Médiation Santé, sous la supervision d’un comité de pilotage présidé par Monseigneur Benoît Bertrand, évêque de Mende, entouré de prêtres diocésains, du conseiller médical de la Mutuelle Saint-Martin, une assistante sociale et la responsable de l’équipe d’accompagnement des prêtres d’un diocèse.
L’enquête, financée par la Fondation Nationale du Clergé et la Mutuelle Saint-Martin Action Sociale, avait trois objectifs majeurs: dresser un état des lieux de la santé des prêtres, faire des préconisations, et manifester la proximité et l’attention fraternelle de la part des évêques au presbyterium. Le leitmotiv étant, sur le long terme, de mettre en œuvre des actions de prévention mieux ciblées.
60% des 6 313 prêtres sollicités ont répondu à cette enquête, ce qui a permis de recueillir et d’analyser les réponses de 42% des prêtres de la population totale concernée. Des résultats qui représentent donc une source d’information riche et exhaustive pour les évêques de France…
Les prêtres âgés de 40 à 64 ans ont été les plus nombreux à répondre au questionnaire anonyme accessible en ligne. Questionnaire dont il ressort que 93% des prêtres se disent être en bonne santé, et que la majorité d’entre eux ont un suivi médical régulier.
Repos, meilleure alimentation, reconnaissance de la hiérarchie
En moyenne, les prêtres se consacrent à leur ministère 57,7 heures par semaine, et environ la moitié des prêtres participants signale faire face à une surcharge de travail de manière occasionnelle. Tandis que près de 20 % déclarent avoir une surcharge de travail permanente.
L’étude a permis de mettre en lumière plusieurs points d’attention, notamment la surcharge pondérale, concernant 63% des prêtres répondants contre 46 % dans la population générale française, ou encore la consommation d’alcool.
Des états de fatigues mentales et des syndromes dépressifs apparaissent également. Près de deux prêtres sur dix présentent des symptômes dépressifs, un chiffre très nettement supérieur aux 5,2% observés chez les hommes de la population générale âgés de 15 ans ou plus, d’après le score utilisé par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES).
Environ 7% des prêtres répondants présentent un état d’épuisement professionnel et près de 2 % peuvent être considérés comme affectés d’un burn-out sévère, expliqué notamment par un isolement dans leurs lieux de vie et le défaut de soutien pastoral et matériel dans l’exercice de leur ministère. Près de 34% des prêtres estiment en effet que leur mission est parfois, voire jamais, estimée à sa juste valeur par leur supérieur. En revanche, près de 85% savent pouvoir compter sur leurs proches (familles, amis…) pour un soutien pratique ou moral régulier.
Les résultats de cette enquête et les actions de prévention proposées vont être partagés au sein des conseils presbytéraux : préservation de temps de repos, adaptation du ministère aux conditions de santé et à l’âge des prêtres. La Mutuelle reste engagée pour mettre en place l’accompagnement médical attendu. Une enquête similaire pourrait être lancée auprès des religieux dans les mois prochains.